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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/414

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en doute, et d’autres la nient. De plus, cette clause de votre raisonnement, « après que nous avons assez clairement reconnu ou observé ce que c’est que Dieu, » est supposée comme vraie, dont tout le monde ne tombe pas encore d’accord, vu que vous avouez vous-même que vous ne comprenez l’infini qu’imparfaitement ; le même faut-il dire de tous ses autres attributs : car tout ce qui est en Dieu étant entièrement infini, quel est l’esprit qui puisse comprendre la moindre chose qui soit en Dieu que très imparfaitement ? Comment donc pouvez-vous avoir assez clairement et distinctement observé ce que c’est que Dieu ?

En septième lieu, nous ne trouvons pas un seul mot dans vos Méditations touchant l’immortalité de l’âme de l’homme, laquelle néanmoins vous deviez principalement prouver, et en faire une très exacte démonstration pour confondre ces personnes indignes de l’immortalité, puisqu’ils la nient, et que peut-être ils la détestent. Mais, outre cela, nous craignons que vous n’ayez pas encore assez prouvé la distinction qui est entre l’âme et le corps de l’homme[1], comme nous avons déjà remarqué en la première de nos observations, à laquelle nous ajoutons qu’il ne semble pas que, de cette distinction de l’âme d’avec le corps, il s’ensuive qu’elle soit incorruptible ou immortelle : car qui sait si sa na-

  1. Voyez Méditation VI, page 331