Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/426

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qui sont hors de notre esprit, n’est appuyée que sur elle seule. Car d’où nous a pu venir le soupçon qu’elles existoient, sinon de cela seul que leurs idées venoient par les sens frapper notre esprit ? Or, qu’il y ait en nous quelque idée d’un être souverainement puissant et parfait, et aussi que la réalité objective de cette idée ne se trouve point en nous, ni formellement, ni éminemment, cela deviendra manifeste à ceux qui y penseront sérieusement, et qui voudront avec moi prendre la peine d’y méditer ; mais je ne le saurois pas mettre par force en l’esprit de ceux qui ne liront mes Méditations que comme un roman, pour se désennuyer, et sans y avoir grande attention. Or de tout cela on conclut très manifestement que Dieu existe. Et toutefois, en faveur de ceux dont la lumière naturelle est si foible qu’ils ne voient pas que c’est une première notion, « que toute la perfection qui est objectivement dans une idée doit être réellement dans quelqu’une de ses causes, » je l’ai encore démontré d’une façon plus aisée à concevoir, en montrant que l’esprit qui a cette idée ne peut pas exister par soi-même ; et partant je ne vois pas ce que vous pourriez désirer de plus pour donner les mains, ainsi que vous avez promis.

Je ne vois pas aussi que vous prouviez rien contre moi, en disant que j’ai peut-être reçu l’idée qui me représente Dieu, « des pensées que j’ai