Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/430

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qui se contrarient ; et, après l’avoir ainsi composé, ce n’est pas merveille s’ils nient qu’un tel dieu, qui leur est représenté par une fausse idée, existe. Ainsi, lorsque vous parlez ici d’un être corporel très parfait, si vous prenez le nom de très parfait absolument, en sorte que vous entendiez que le corps est un être dans lequel toutes les perfections se rencontrent, vous dites des choses qui se contrarient, d’autant que la nature du corps enferme plusieurs imperfections ; par exemple, que le corps soit divisible en parties, que chacune de ses parties ne soit pas l’autre, et autres semblables : car c’est une chose de soi manifeste, que c’est une plus grande perfection de ne pouvoir être divisé, que de le pouvoir être, etc. ; que si vous entendez seulement ce qui est très parfait dans le genre de corps, cela n’est point le vrai Dieu.

Ce que vous ajoutez de l’idée d’un ange, laquelle est plus parfaite que nous, à savoir qu’il n’est pas besoin qu’elle ait été mise en nous par un ange, j’en demeure aisément d’accord ; car j’ai déjà dit moi-même, dans la troisième Méditation, « qu’elle peut être composée des idées que nous avons de Dieu et de l’homme. » Et cela ne m’est en aucune façon contraire.

Quant à ceux qui nient d’avoir en eux l’idée de Dieu, et qui au lieu d’elle forgent quelque idole, etc.,