Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/434

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être très évidentes, comme il a déjà été montré ci-devant ; et encore que peut-être ce doute ne lui vienne point en la pensée, il lui peut néanmoins venir s’il l’examine, ou s’il lui est proposé par un autre et jamais il ne sera hors du danger de l’avoir, si premièrement il ne reconnoît un Dieu.

Et il n’importe pas que peut-être il estime qu’il a des démonstrations pour prouver qu’il n’y a point de Dieu ; car ces démonstrations prétendues étant fausses, on lui en peut toujours faire connoître la fausseté, et alors on le fera changer d’opinion. Ce qui à la vérité ne sera pas difficile, si pour toutes raisons il apporte seulement celles que vous alléguez ici, c’est à savoir que l’infini en tout genre de perfection exclue toute autre sorte d’être, etc.

Car, premièrement, si on lui demande d’où il a pris que cette exclusion de tous les autres êtres appartient à la nature de l’infini, il n’aura rien qu’il puisse répondre pertinemment : d’autant que, par le nom d’infini, on n’a pas coutume d’entendre ce qui exclut l’existence des choses finies, et qu’il ne peut rien savoir de la nature d’une chose qu’il pense n’être rien du tout, et par conséquent n’avoir point de nature, sinon ce qui est contenu dans la seule et ordinaire signification du nom de cette chose.

De plus, à quoi serviroit l’infinie puissance de