Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/461

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur propre esprit et tous ceux de ses attributs dont ils reconnoîtront ne pouvoir en aucune façon douter, encore même qu’ils supposassent que tout ce qu’ils ont jamais reçu par les sens fût entièrement faux ; et qu’ils ne cessent point de le considérer que premièrement ils n’aient acquis l’usage de le concevoir distinctement, et de croire qu’il est plus aisé à connoître que toutes les choses corporelles.

En troisième lieu, qu’ils examinent diligemment les propositions qui n’ont pas besoin de preuve pour être connues, et dont chacun trouve les notions en soi-même, comme sont celles-ci, « qu’une même chose ne peut pas être et n’être pas tout ensemble ; que le néant ne peut être la cause efficiente d’aucune chose, » et autres semblables : et qu’ainsi ils exercent cette clarté de l’entendement qui leur a été donnée par la nature, mais que les perceptions des sens ont accoutumé de troubler et d’obscurcir ; qu’ils l’exercent, dis-je, toute pure et délivrée de leurs préjugés ; car par ce moyen la vérité des axiomes suivants leur sera fort évidente.

En quatrième lieu, qu’ils examinent les idées de ces natures qui contiennent en elles un assemblage de plusieurs attributs ensemble, comme est la nature du triangle, celle du carré ou de quelque autre figure ; comme aussi la nature de l’esprit, la nature du corps, et par-dessus toutes la nature