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OBJECTION XVe.
SUR LA SIXIÈME MÉDITATION.
DE L’EXISTENCE DES CHOSES MATÉRIELLES


[1]« Car Dieu ne m’ayant donné aucune faculté pour connoître que cela soit (à savoir que Dieu, par lui-même ou par l’entremise de quelque créature plus noble que le corps, m’envoie les idées du corps), mais au contraire, m’ayant donné une grande inclination à croire qu’elles me sont envoyées ou qu’elles partent des choses corporelles, je ne vois pas comment on pourroit l’excuser de tromperie, si en effet ces idées partoient d’ailleurs ou m’étoient envoyées par d’autres causes que par des choses corporelles ; et partant il faut avouer qu’il y a des choses corporelles qui existent. »

C’est la commune opinion que les médecins ne pèchent point qui déçoivent les malades pour leur propre santé, ni les pères qui trompent leurs enfants pour leur propre bien ; et que le mal de la tromperie ne consiste pas dans la fausseté des paroles, mais dans la malice de celui qui trompe. Que M. Descartes prenne donc garde si cette proposition, Dieu ne nous peut jamais tromper, prise universellement, est vraie ; car si elle n’est pas vraie,

  1. Voyez Méditation vi, page 334 .