Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/62

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ner les liqueurs nouvelles : dès ce moment s’exécutent toutes les fonctions qui sont indépendantes de l’âme. La respiration appelle et chasse l’air tour à tour. L’estomac devient un fourneau chimique, où des liqueurs en fermentation servent à la dissolution et à l’analyse des nourritures : ces parties décomposées passent par différents canaux, se rassemblent dans des réservoirs, s’épurent dans leur cours, se transforment en sang, augmentent et développent la masse solide de la machine, et deviennent une portion d’elle-même. Le sang, comme un torrent rapide, circule par des routes innombrables ; il se sépare, il se réunit, porté par les artères aux extrémités de la machine, et ramené par les veines des extrémités vers le cœur. Le cœur est le centre de ce grand mouvement, et le foyer de la vie interne : c’est de là qu’elle se distribue. Au dehors tous les mouvements s’opèrent. Du cerveau partent des faisceaux de nerfs qui s’épanouissent et se développent aux extrémités, et vont former l’organe du sentiment. Les uns sont propres à réfléchir les atomes imperceptibles de la lumière ; les autres, les vibrations des corps sonores ; ceux-ci ne seront ébranlés que par les particules odorantes ; ceux-là, par les esprits et les sels qui se détacheront des aliments et des liqueurs ; les derniers enfin, dispersés sur toute la surface de la machine, ne peuvent être heurtés que par le con-