Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/68

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pour leur donner plus de fécondité et d’étendue, car c’est la marche du génie comme de la nature ; appliquer ensuite ces principes à la théorie des planètes, aux mouvements des cieux, aux phénomènes de la terre, à la nature des éléments, aux prodiges des météores, aux effets et à la marche de la lumière, à l’organisation des corps bruts, à la vie active des êtres animés ; terminant enfin cette grande course par l’homme, qui étoit l’objet et le but de ses travaux ; développant partout des lois mécaniques qu’il a devinées le premier ; descendant toujours des causes aux effets ; enchaînant tout par des conséquences nécessaires ; joignant quelquefois l’expérience aux spéculations, mais alors même maîtrisant l’expérience par le génie ; éclairant la physique par la géométrie, la géométrie par l’algèbre, l’algèbre par la logique, la médecine par l’anatomie, l’anatomie par les mécaniques ; sublime même dans ses fautes, méthodique dans ses égarements, utile par ses erreurs, forçant l’admiration et le respect, lors même qu’il ne peut forcer à penser comme lui.

Si on cherche les grands hommes modernes avec qui on peut le comparer, on en trouvera trois : Bacon, Leibnitz, et Newton. Bacon parcourut toute la surface des connoissances humaines ; il jugea les siècles passés, et alla au-devant des siècles à venir : mais il indiqua plus de grandes choses qu’il n’en