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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/322

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.


SIXIÈMES OBJECTIONS,

FAITES PAR DIVERS THÉOLOGIENS ET PHILOSOPHES.

Après avoir lu avec attention vos Méditations, et les réponses que vous avez faites aux difficultés qui vous ont été ci-devant objectées, il nous reste encore en l’esprit quelques scrupules dont il est à propos que vous nous releviez.

[1] Le premier est, qu’il ne semble pas que ce soit un argument fort certain de notre existence de ce que nous pensons ; car, pour être certain que vous pensez, vous devez auparavant savoir ce que c’est que penser ou que la pensée, et ce que c’est que votre existence : et, dans l’ignorance où vous êtes de ces deux choses, comment pouvez-vous savoir que vous pensez ou que vous êtes ? Puis donc qu’en disant je pense, vous ne savez pas ce que vous dites, et qu’en ajoutant donc je suis, vous ne vous entendez pas non plus, que même vous ne savez pas si vous dites ou si vous pensez quelque chose, étant pour cela nécessaire que vous connoissiez que vous savez ce que vous dites, et derechef que vous sachiez que vous connoissez que vous savez

  1. Voyez Méditation ii, tome i, page 247.