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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

Méditations avec le même esprit, et les passer par le même examen que vous feriez si elles vous avoient été proposées par une personne ennemie. Enfin, puisque nous ne connoissons point jusqu’où se peut étendre la vertu des corps et de leurs mouvements, vu que vous confessez vous-même qu’il n’y a personne qui puisse savoir tout ce que Dieu a mis ou peut mettre dans un sujet sans une révélation particulière de sa part, d’où pouvez-vous avoir appris que Dieu n’ait point mis cette vertu et propriété dans quelques corps, que de penser, de douter, etc. ?

Ce sont là, monsieur, nos arguments, ou, si vous aimez mieux, nos préjugés, auxquels, si vous apportez le remède nécessaire, nous ne saurions vous exprimer de combien de grâces nous vous serons redevables, ni quelle sera l’obligation que nous vous aurons, d’avoir tellement défriché notre esprit, que de l’avoir rendu capable de recevoir avec fruit la semence de votre doctrine. Dieu veuille que vous en puissiez venir heureusement à bout, et nous le prions qu’il lui plaise donner cette récompense à votre piété, qui ne vous permet pas de rien entreprendre que vous ne sacrifiiez entièrement à sa gloire.