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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/367

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

de bois longue de dix pieds, voire même j’estimois que toute cette pesanteur pouvoit être contenue sous un point mathématique. Et même, lorsque cette pesanteur étoit ainsi également étendue par tout le corps, je voyois qu’elle pouvoit exercer toute sa force en chacune de ses parties, parceque, de quelque façon que ce corps fût suspendu à une corde, il la tiroit de toute sa pesanteur, comme si toute cette pesanteur eût été renfermée dans la partie qui touchoit la corde. Et certes je ne conçois point encore aujourd’hui que l’esprit soit autrement étendu dans le corps, lorsque je le conçois être tout entier dans le tout, et tout entier dans chaque partie. Mais ce qui fait mieux paroître que cette idée de la pesanteur avoit été tirée en partie de celle que j’avois de mon esprit, est que je pensois que la pesanteur portoit les corps vers le centre de la terre comme si elle eût en soi quelque connoissance de ce centre : car certainement il n’est pas possible, ce semble, que cela se fasse sans connoissance, et partout où il y a connoissance il faut qu’il ait de l’esprit. Toutefois j’attribuois encore d’autres choses à cette pesanteur, qui ne peuvent pas en même façon être entendues de l’esprit ; par exemple, qu’elle étoit divisible, mesurable, etc. Mais après que j’eus considéré toutes ces choses, et que j’eus soigneusement distingué l’idée de l’esprit humain des idées du corps et du