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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

considération ne soit pas de ce lieu, et que, sans l’explication de toute la physique, je n’en puisse dire davantage que ce que j’ai déjà dit dans la cinquième partie de mon traité de la Méthode, toutefois je dirai encore ici qu’il me semble que c’est une chose fort remarquable qu’aucun mouvement ne se peut faire, soit dans les corps des bêtes, soit même dans les nôtres, si ces corps n’ont en eux tous les organes et instruments par le moyen desquels ces mêmes mouvements pourroient aussi être accomplis dans une machine ; en sorte que même dans nous ce n’est pas l’esprit ou l’âme qui meut immédiatement les membres extérieurs, mais seulement il peut déterminer le cours de cette liqueur fort subtile qu’on nomme les esprits animaux, laquelle, coulant continuellement du cœur par le cerveau dans les muscles, est la cause de tous les mouvements de nos membres, et souvent en peut causer plusieurs différents aussi facilement les uns que les autres. Et même il ne le détermine pas toujours, car entre les mouvements qui se font en nous il y en a plusieurs qui ne dépendent point du tout de l’esprit, comme sont le battement du cœur, la digestion des viandes, la nutrition, la respiration de ceux qui dorment ; et même en ceux qui sont éveillés, le marcher, chanter, et autres actions semblables, quand elles se font sans que l’esprit y pense. Et lorsque ceux qui tombent de