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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/74

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

chose pour la cause formelle, je ne suis en cela que les vestiges d’Aristote ; car, au livre II de ses Analyt., poster. chap. XVI, ayant omis la cause matérielle, la première qu’il nomme est celle qu’il appelle αἰτίαυ τοῦ τὶ ἦυ εἴτε, ou, comme l’ont tourné ses interprètes, la cause formelle, laquelle il étend à toutes les essences de toutes les choses, parcequ’il ne traite pas en ce lieu-là des causes du composé physique, non plus que je fais ici, mais généralement des causes d’où l’on peut tirer quelque connoissance.

Or, pour faire voir qu’il étoit malaisé dans la question proposée de ne point attribuer à Dieu le nom de cause, il n’en faut point de meilleure preuve que, de ce que M. Arnauld ayant tâché de conclure par une autre voie la même chose que moi, il n’en est pas néanmoins venu à bout, au moins à mon jugement. Car, après avoir amplement montré que Dieu n’est pas la cause efficiente de soi-même, parcequ’il est de la nature de la cause efficiente d’être différente de son effet ; ayant aussi fait voir qu’il n’est pas par soi positivement, entendant par ce mot positivement une influence positive de la cause, et aussi qu’à vrai dire il ne se conserve pas soi-même, prenant le mot de conservation pour une continuelle reproduction de la chose, de toutes lesquelles choses je suis d’accord avec lui, après tout cela il veut derechef prouver que Dieu ne doit