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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome II.djvu/90

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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

pas aux raisons de la théologie, je pense que cela se voit ici assez clairement ; et qu’elle soit tout-à-fait contraire à celles de la philosophie, j’espère dans peu le démontrer évidemment dans un traité des principes, que j’ai dessein de publier, et d’y expliquer comment la couleur, la saveur, la pesanteur, et toutes les autres qualités qui touchent nos sens, dépendent seulement en cela de la superficie extérieure des corps. Au reste, on ne peut pas supposer que les accidents soient réels, sans qu’au miracle de la transsubstantiation, lequel seul peut être inféré des paroles de la consécration, on n’en ajoute sans nécessité un nouveau et incompréhensible, par lequel ces accidents réels existent tellement sans la substance du pain, que cependant ils ne soient pas eux-mêmes faits des substances ; ce qui ne répugne pas seulement à la raison humaine, mais même à l’axiome des théologiens, qui disent que les paroles de la consécration n’opèrent rien que ce qu’elles signifient, et qui ne veulent pas attribuer à miracle les choses qui peuvent être expliquées par raison naturelle ; toutes lesquelles difficultés sont entièrement levées par l’explication que je donne à ces choses. Car tant s’en faut que, selon l’explication que j’y donne, il soit besoin de quelque miracle pour conserver les accidents après que la substance du pain est ôtée, qu’au contraire, sans un nouveau miracle, à sa-