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64 Comment on peut aussi les concevoir distinctement en les prenant pour des modes ou attributs de ces substances.

106 LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE.

que nous avons de la pensée et de l'étendue : car elles ne diffèrent de da substance que par cela seul que nous considérons quelquefois la pensée ou l'étendue sans faire réflexion sur la chose même qui pense ou qui est étendue. Et notre conception n'est pas plus distincte parcequ'elle comprend peu de choses, mais parceque nous discernons soigneu- sement ce qu'elle comprend, et que nous prenons garde à ne le point confondre avec d'autres notions qui la rendroient plus obscure.

Nous pouvons considérer aussi la pensée et l'é- tendue comme des modes ou des façons diffé- rentes qui se trouvent en la substance; c'est-à-dire que lorsque nous considérons qu'une même âme peut avoir plusieurs diverses pensées, et qu'un même corps avec sa même grandeur peut être étendu en plusieurs façons, tantôt plus en lon- gueur et moins en largeur ou en profondeur, et quelquefois au contraire plus en largeur et moins en longueur ; et que nous ne distinguons la pensée et l'étendue de ce qui pense et de ce qui est étendu, que comme les dépendances d'une chose de la chose même dont elles dépendent; nous les con- noissons aussi clairement et aussi distinctement que leurs substances, pourvu que nous ne pen- sions point qu'elles subsistent d’elles-mêmes, mais qu'elles sont seulement des façons ou des dépen- dances de quelques substances. Car, quand nous les