Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/158

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fausse opinion. (435) Mais on peut douter si l’amour et la joie sont bonnes ou non lorsqu’elles sont ainsi mal fondées ; et il me semble que si on ne les considère précisément que ce qu’elles sont en elles-mêmes au regard de l’âme, on peut dire que, bien que la joie soit moins solide et l’amour moins avantageuse que lorsqu’elles ont un meilleur fondement, elles ne laissent pas d’être préférables à la tristesse et à la haine aussi mal fondées : en sorte que, dans les rencontres de la vie où nous ne pouvons éviter le hasard d’être trompés, nous faisons toujours beaucoup mieux de pencher vers les passions qui tendent au bien que vers celles qui regardent le mal, encore que ce ne soit que pour l’éviter ; et même souvent une fausse joie vaut mieux qu’une tristesse dont la cause est vraie. Mais je n’ose pas dire de même de l’amour au regard de la haine. Car, lorsque la haine est juste, elle ne nous éloigne que du sujet qui contient le mal dont il est bon d’être séparé, au lieu que l’amour qui est injuste nous joint à des choses qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d’être tant considérées par nous qu’elles sont, ce qui nous avilit et nous abaisse.

Art. 143. Des mêmes passions, en tant qu’elles se rapportent au désir.

Et il faut exactement remarquer que ce que je