Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/463

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que celles des veines, et aussi à cause qu’au moment que le sang qui vient du cœur les fait enfler, il fait par même moyen que les pores de ces peaux s’élargissent ; et alors les petites parties de ce sang que la raréfaction qu’il a reçue dans le cœur a séparées les unes des autres, poussant ces peaux de tous côtés avec effort, entrent facilement en ceux de leurs pores qui sont proportionnés à leur grosseur, et vont aussi choquer les racines des petits filets qui composent les parties solides ; puis, au moment que les artères se désenflent, ces pores se rétrécissent, et par ce moyen plusieurs des parties du sang demeurent engagées contre les racines des petits filets des parties foibles qu’elles nourrissent (et plusieurs autres s’écoulent par les pores qui les environnent), au moyen de quoi elles entrent aussi en la composition du corps.

20. Que les corps qui ont vie ne sont composées que de petits filets ou ruisseaux qui coulent toujours.

Mais pour entendre ceci distinctement, il faut considérer que les parties de tous les corps qui ont qui ont vie et qui s’entretiennent par la nourriture, c’est à-dire des animaux et des plantes, sont en continuel changement ; en sorte qu’il n’y a autre différence entre celles qu’on nomme fluides, comme le sang, les humeurs, les esprits, et celles qu’on nomme solides, comme les os, la chair, les nerfs et les peaux, sinon que chaque particule de celles-ci se meut beaucoup plus lentement que celles des autres.