Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/473

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que la matière très subtile (que j’ai nommée le premier élément dans mes Principes) qui occupe les intervalles qu’elles laissent autour d’elles ; et que les particules qui se joignent ainsi les unes aux autres en sortant du cœur ne s’écartent point du chemin par où elles y peuvent retourner, comme font plusieurs des autres qui pénètrent plus aisément de tous côtés dans la masse de la semence, de laquelle il vient aussi de nouvelles particules vers le cœur, jusqu’à ce qu’elle soit toute épuisée.

31. Pourquoi il est rouge.

Ensuite de quoi ceux qui savent ce que j’ai expliqué de la nature de la lumière, tant en ma Dioptrique qu’en mes Principes, et de la nature des couleurs en mes Météores, pourront aisément entendre pourquoi le sang de tous les animaux est rouge. Car j’ai démontré en ces lieux-là que ce qui fait que nous voyons de la lumière n’est autre chose sinon que la matière du second élément, que j’ai dit être composée de plusieurs petites boules qui s’entre-touchent, est poussée ; et que nous pouvons sentir deux mouvements de ces boules, l’un par lequel elles viennent en ligne droite vers nos yeux, ce qui ne nous donne que le sentiment de la lumière ; l’autre, par lequel elles tournent cependant autour de leurs centres. En sorte que, si elles tournent beaucoup moins vite qu’elles ne vont en ligne droite, le corps d’où elles viennent nous paroît bleu, et si elles tournent beaucoup plus vite,