Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/497

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pores de leurs peaux pour entrer en tous les autres endroits du corps, où elles font avancer peu à peu ces petits filets, et, coulant de tous côtés autour d’eux, elles font aussi que leurs petites parties s’agencent, se joignent et se polissent. Mais bien qu’il puisse sortir en même façon quelques parties fluides des veines, je crois néanmoins que souvent, tout au contraire, il y en entre de celles qui, étant sorties des artères, ne prennent pas leur cours vers la superficie du corps, mais vers les veines, où elles se mêlent derechef avec le sang.

65. Quelle est la raison qui peut faire croire que les peaux des veines se forment du sang qu'elles contiennent.

Et une seule raison me fait croire que le sang des veines contribue quelque chose à la production de leurs peaux, qui est que ces peaux sont plus brunes ou moins blanches que celles des artères ; car ce qui cause la blancheur de celles-ci, c’est que la force dont les matières fluides coulent autour de leurs petits filets, rompt toutes les petites branches des particules dont ils sont composés, lesquelles j’ai dit ci-dessus être la cause pourquoi le sang paroît rouge ; et pourceque cette force n’est pas si grande dans les veines, où le sang né vient point avec tant d’impétuosité qu’il les fasse enfler par secousses, ainsi que les artères, les petites parties de ce sang qui s’attachent à leurs peaux retiennent encore quelques unes des petites branches qui les rendoient rouges ; mais elles rendent ces peaux noirâtres, et non pas roùges, à cause