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lettres.

et je tâcherai de l’expliquer en sorte que tous ceux qui entendront seulement le français puissent prendre plaisir à le lire. J’aimerais mieux qu’il fut imprimé à Paris qu’ici ; et si c’étoit chose qui ne vous fût point à charge, je vous l’en verrais lorsqu’il seroit fait, tant pour le corriger que pour le mettre entre les mains d’un libraire. Vous m’avez obligé de m’avertir de l’impertinence de mon ami ; l’honneur que vous lui avez fait de lui écrire lui a sans doute donné tant de vanité, qu’il s’est ébloui, et il a cru que vous auriez meilleure opinion de lui s’il vous écrivoit qu’il a été mon maître il y a dix ans ; mais il se trompe fort, car il n’y a pas de gloire d’avoir instruit un homme qui ne sait rien et qui le confesse partout librement ; je ne lui en manderai rien, puisque vous ne le voulez pas, encore que j’eusse bien de quoi lui faire honte, principalement si j’avois sa lettre tout entière.

Si vous pouviez trouver quelque autre lieu où mettre M. N.[1] mieux qu’il n’est, je crois que vous l’obligeriez ; surtout je vous le recommande. Je suis assuré de l’exécution des verres s’il y travaille seul et étant en repos ; et c’est chose de plus grande importance qu’on ne se l’imagine. Il y a tant de gens à Paris qui perdent de l’argent à faire souffler des charlatans, n’y en auroit-il point quelqu’un qui le voudrait tenir six mois ou un an à ne faire autre

  1. M. Ferrier.