Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/221

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de deviner dans un sujet obscur que dans un sujet clair, et il est bien plus facile d’avoir sur une ques­tion quelconque quelques idées vagues, que d’ar­river à la vérité même sur la plus facile de toutes. De tout ceci il faut conclure, non que l’arithmétique et la géométrie soient les seules sciences qu’il faille apprendre, mais que celui qui cherche le chemin de la vérité ne doit pas s’occuper d’un objet dont il ne puisse avoir une connoissance égale à la certitude des démonstrations arithméti­ques et géométriques.

règle troisième.

Il faut chercher sur l’objet de notre étude, non pas ce qu’en ont pensé les autres, ni ce que nous soupçonnons nous-mêmes, mais ce que nous pouvons voir clairement et avec évidence, ou déduire d’une manière certaine. C’est le seul moyen d’arriver à la science.

Nous devons lire les ouvrages des anciens, parceque c’est un grand avantage de pouvoir user des travaux d’un si grand nombre d’hommes, premiè­rement pour connoitre les bonnes découvertes qu’ils ont pu faire, secondement pour être averti de ce qui reste encore à découvrir. Il est cependant à craindre que la lecture trop attentive de leurs ou­vrages ne laisse dans notre esprit quelques erreurs