Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/255

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Qu’un homme se propose pour question d’exami­ner toutes les vérités à la connoissance desquelles l’esprit humain peut suffire, question que, selon moi, doivent se faire, une fois au moins en leur vie, ceux qui veulent sérieusement arriver à la sagesse ; il trouvera, à l’aide des règles que j’ai données, que la première chose à connoître, c’est l’intelligence, puisque c’est d’elle que dépend la connoissance de toutes les autres choses, et non réciproque­ment. Puis, examinant ce qui suit immédiatement la connoissance de l’intelligence pure, il passera en revue tous les autres moyens de connoître que nous possédons, non compris l’intelligence ; il trou­vera qu’il n’y en a que deux, l’imagination et les sens. Il donnera donc tous ses soins à examiner et à distinguer ces trois moyens de connoître, et voyant qu’à proprement parler, la vérité et l’er­reur ne peuvent être que dans l’intelligence toute seule, et que les deux autres modes de connoître n’en sont que les occasions, il évitera avec soin tout ce qui peut l’égarer, et comptera toutes les voies qui sont ouvertes à l’homme pour arriver à la vérité, afin de suivre la bonne. Or, elles ne sont pas tellement nombreuses qu’il ne les trouve fa­cilement toutes après une énumération suffisante. Et ce qui paroitra étonnant et incroyable à ceux qui n’en ont pas fait l’expérience, sitôt qu’il aura distingué les connoissances qui remplissent ou ornent