Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle rendent seulement tout plus clair ? de même qu’en géométrie vous faites sur une quantité des suppositions qui n’ébranlent nullement la force des démonstrations, quoique souvent la physique nous donne de la nature de cette quantité une idée dif­férente.

Il faut concevoir, avant tout, que les sens externes, en tant qu’ils font partie du corps, quoique nous les appliquions aux objets par notre action, c’est-à-dire en vertu d’un mouvement local, ne sentent toutefois que passivement, c’est-à-dire de la même manière que la cire reçoit l’em­preinte d’un cachet. Et il ne faut pas croire que cette comparaison soit prise seulement de l’analo­gie, mais il faut bien concevoir que la forme externe du corps sentant est réellement modifiée par l’ob­jet, de la même manière que la superficie de la cire est modifiée par le cachet. Cela n’a pas seulement lieu lorsque nous touchons un corps en tant que figuré, dur, âpre, etc., mais même lorsque par le tact nous avons la perception de la chaleur et du froid. Il en est de même des autres sens. Ainsi la partie d’abord opaque qui est dans l’œil reçoit la figure que lui apporte l’impression de la lu­mière teinte des différentes couleurs. La peau des oreilles, des narines, de la langue, d’abord impéné­trable à l’objet, emprunte également une nou­velle figure du son, de l’odeur et de la saveur.