Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/315

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prime pas, et ne croie pas imprudemment qu’elles ont été exclues. Est-il question de nombres, nous imaginerons un sujet quelconque, mesurable par plusieurs unités, et, quoique l’intelligence ne ré­fléchisse actuellement qu’à la seule pluralité, il nous faudra prendre garde que dans la suite elle ne conclue quelque chose qui fasse supposer que la chose comptée étoit exclue de notre conception ; comme font ceux qui attribuent aux nombres des propriétés mystérieuses, pures frivolités auxquelles ils n’attribueroient pas tant de foi, s’ils ne concevoient pas le nombre comme distinct des choses comptées. De même si nous traitons de la figure, nous penserons que nous nous occupons d’un su­jet étendu, conçu sous ce rapport qu’il est figuré : si c’est d’un corps, il faut penser que nous l’exami­nons en tant que long, large et profond ; si c’est d’une surface, en tant que longue et large, à part la profondeur, mais sans la nier ; si c’est d’une ligne, en tant que longue seulement ; si c’est d’un point, nous abstrairons tous les autres caractères, si ce n’est qu’il est un être. Tout cela est ici très développé ; mais les hommes ont tant de préjugés dans l’esprit, que je crains encore qu’un petit nom­bre seulement soit ici à l’abri de toute erreur, et qu’on ne trouve l’explication de ma pensée trop courte malgré la longueur du discours. En effet l’arithmétique et la géométrie elles-mêmes,