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EXAMEN DE L ŒUVRE 97

des Robert Estienne ', des Mathurin Régnier * et de quelques autres, le dédain qu'elle professait pour Villon et son école. On ne trouve pas une seule édition des œuvres de Villon durant tout le xvii'^ siècle 5 ; mais il était lu et goûté par un petit nombre d'admirateurs et de fidèles; et ce n'est pas un des moindres étonnements de voir le plus classique des écrivains du grand siècle, Boileau, accorder à Villon un souvenir élogieux dans son Art poétique, dans des vers énigmatiques, à la vérité, et qui exercent encore la sagacité des lecteurs qui ont des loisirs '^. Auxviii'^ siècle,

1. « Nostre Villon, un des plus éloquens de ce temps là. « Apologie pour Hc'rodofeÇLaUnyQ, 1755), t. II, chap. xxviii, p. 28.

2. 21 décembre 1573 722 octobre 161 5.

3. Il a toutefois paru quelques pièces séparées de Villon dans le recueil dit Recueil de Barhin, et intitulé : Recueil des plus belles pièces des poètes français depuis Villon jusqu'à Benserade (choisies par Fontenelle') avec la vie de chaque poète, Paris, Cl. Barbin, 1692, 5 vol. pet. in-12 (Brunet, Ma;n<^/, t. IV, col. 1168). Une autre édit. d'Amsterdam, même date. — Ce recueil comprend, au t. h^ (p. 1-48), du Test. V. 129 à 528 ; plus la Ballade des Dames du temps jadis ; celle des Sei- gneurs; Les regrets de la belle Heaiihnière ; la double ballade : Pour ce aime'^ tant que vouldre:(; la ballade et oraison : Père Noè qui plan- tastes la vigne ; l'épithaphe en forme de ballade : Frères humains.. ; la ballade de l'appel : Que vous semble.. ; la requesteà Mgr de Bourbon ; la ballade -.Je congnoys bien mouches en laict ; le lay ou plutost rondeau : Mort j'appelle ; et deux extraits des Repues franches.

4. Ces vers de Boileau écrits sur le témoignage de son docte ami Patru :

Villon sut le premier, dans ces siècles grossiers, Débrouiller l'art confus de nos vieux romanciers, montrent la confiance — parfaitement justifiée d'ailleurs — qu'il atta- chait à ses jugements ; car il est à peu près hors de doute que Boileau n'a jamais lu un vers de Villon. Quant au sens à donner à ces vers, G. Paris observe fort justement : « Il est très vain de torturer, comme on l'a fait, le sens de ce passage : Boileau a simplement voulu dire que Villon était le premier poète français qui fût lisible et eût qjaelque chose de moderne ; et il est permis de croire qu'il n'avait pas pris la peine de s'en assurer par lui-même. » François Villon, p. 174-175. François Villon. — I. 7

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