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114 FRANÇOIS VILLON

Bible : évangile (T 1507 ; 1509). — Là aussi, le ^ de bible, placé devant / perdait toute sa consistance : il faut prononcer bile rimant avec -évangile. De même Grenobles : Dohs : apostolles : estolles : Constantinobles (T 385 ; 387;

393; 395 ; 401; 403)-

Prophètes : fesses (T 806 ; 808). — Ces deux rimes où le t se change en s sont assez singulières. Il n'en est pas moins vrai que le cas n'est pas isolé ni spécial à Vil- lon. Coquillart fait rimer -evangelistes avec -iiices (t. I. p. 99) ; Martial d'Auvergne office avec -instruite, et d'autres poètes du xV s. présentent des rimes similaires (cf: Châtelain, p. 72). A noter qu'à Paris, la prononciation faubourienne actuelle d' -Auguste est -Augusse, et le diminutif -Gugusse est dit pour -Gugnste. — Ailleurs, Villon fait rimer régulièrement -prophètes avec Crêtes, pucelletes, faites, etc. (T 642 ; 644 ; 645 ; 647). G. Paris aurait pu facilement augmenter cette liste d' « irrégulari- tés » apparentes, telles que la rime de courges, Bourges, rouges, bouges, justifiée par la chute de l'r devant g. (Ces deux rimes se retrouvent exactement dans une ballade de Deschamps, laquelle a servi, sans nul doute, de prototype à Villon pour le huitain cxiv du Testament^ La suppression de g devant n donne la rime exacte de signe, geline, voisine (L xxxii), de dessaisiné, assigné (T cxxi). Présen- tement, le mot signet, se prononce siuet, comme au quin- zième siècle :

Sur ce papier pose^ votre signet

En beau français, apparent et si net ;

écrit Crétin, contemporain de Villon (Quicherat, Traité de versification française, p. 378).

L'r médiale est syncopée dans Auvergne rimant avec Char- lemaigne où le g lui-même ne sonnait pas =z Charlemaine, graphie qu'on retrouve fréquemment en prose au xv^ s.

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