Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/30

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chiens aussi turbulents qu’eux, les étudiants avaient forcé les portes de l’enceinte royale, enlevé la pierre et l’avaient reportée au Mont Saint-Hilaire : là, ils l’avaient scellée avec du plâtre et consolidée par des barres de fer. Ils placèrent, en outre, sur la pierre du Pet-au-Deable une autre pierre que Mademoiselle de Bruyères avait fait mettre à la place de celle qui avait été soustraite, et la qualifièrent de la Vesse. Ils dansaient la nuit autour de ces deux trophées au son des flûtes et « bedons », et exigeaient des passants et des officiers du roi qu’ils soulevassent leurs chaperons quand ils venaient à passer à proximité de ces pierres fétiches. Mis en appétit par l’impunité où on les laissait, les étudiants s’en prirent aux enseignes qui décoraient alors la plupart des maisons de Paris, et dont plusieurs étaient célèbres. C’est ainsi qu’ils s’emparèrent, aux Halles, de la fameuse Truie-qui-file pour la marier à l’Ours de la Porte Baudet par le ministère du Cerf. Ils se saisirent également des crochets de fer des bouchers de Sainte-Geneviève, et firent maintes autres exactions au grand scandale des bourgeois et du populaire et au non moindre discrédit de la justice du roi.

Le prévôt le comprit et décida de mettre un terme à ces excès. En conséquence, le 9 mai 1453, accompagné d’examinateurs au Châtelet et de sergents, il se rendit à la Montagne Sainte-Geneviève, fit enlever de force les deux pierres, les enseignes et les crochets dérobés, de même qu’un petit canon et de nombreuses épées[1]. Que Villon, avec son carac-

  1. Sur tous ces faits, cf. Douët d’Arcq, Émeute de l’Université de Paris en 1453, dans la Bibl. de l’École des Chartes, t. V (1843-44), p. 479 et suiv. ; et du Boulay, Hist. Universitatis paris., t. V, p. 578. — Au xve s., l’Université de Paris constitue un État dans l’État, tient tête au Parlement et brave même le roi. Du Boulay est toujours à consulter (malgré sa partialité pour l’Université à laquelle il appartenait), car il