Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/60

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quelques centaines d’écus d’or, en donnèrent dix à Tabarie pour acheter son silence, et tous dînaient gaiement le lendemain à la Pomme-de-Pin pour fêter l’heureuse issue de cette expédition. C’est alors que Villon jugea prudent d’exécuter son projet de quitter Paris, ce qu’il fit après s’être entendu avec ses complices pour aller étudier à Angers même les voies et moyens convenables pour « desbourser » un religieux d’une abbaye de cette ville, et qu’on lui avait signalé comme possédant un magot de cinq à six cents écus. Si le coup était faisable, Villon devait avertir ses compagnons ; après quoi, ils agiraient en conséquence.

Ce ne fut qu’en mars 1457 que le vol du collège de Navarre fut découvert et que deux mois après, en mai, que l’on en connut les auteurs, par suite des confidences bien intempestives faites par Guy Tabarie à un prêtre qu’il avait rencontré à la taverne. Tabarie qui avait été arrêté, avait bien dit dans l’interrogatoire qu’il avait subi que Villon, à cette même époque (mai 1457) devait être à Angers ; mais rien ne prouve qu’il en fût réellement ainsi ; et il est beaucoup plus vraisemblable de croire que Villon n’était pas allé à Angers, mais plutôt qu’il avait porté ses pas vers les « Marches de Bretagne ou Poitou », qu’il se rendit à Saint-Generoux et que c’est là qu’il entra en relation, s’il dit vrai, avec deux « dames » du pays auprès desquelles il avait trouvé un accueil amical qui lui fit sans doute oublier pour un temps les misères de sa situation présente[1]. Rien ne s’oppose aussi à ce qu’il ait attendu en cet asile l’expédition des lettres de rémission pour le double vol commis en 1455, expédition qui n’eut lieu, ainsi qu’on l’a vu, qu’en décembre 1457. Comme il fallait toutefois qu’il se rendît en personne à Angers pour en obtenir l’en-

  1. Test., huit. xciv.