Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cœur[1] et où il nous montre sa nature impressionnable et mobile, accessible aux suggestions de toute sorte, il manifeste toutefois son désir de retourner au bien, à l’étude et à la vie régulière. Dans l’abîme de maux où il était plongé, il était certainement sincère en parlant ainsi, quitte, une fois le danger passé, à retourner à ses mauvais instincts. On comprend fort bien la rancune tenace de Villon contre l’évêque qui l’avait traité avec tant de dureté, assure-t-il ; mais on ne comprend pas moins bien l’absence justifiée de toute indulgence de la part de ce même évêque envers le clerc récidiviste qui venait, il n’y a pas un an, d’échapper à grand’peine, à Orléans même, à une condamnation capitale. Thibault d’Auxigny était pleinement édifié, et d’une façon précise, sur les faits et gestes de Villon dans l’Orléanais, même s’il ignorait sa conduite antérieure ailleurs, alors que nous en sommes réduits aux conjectures. D’autre part, qu’était-ce que ce Thibault d’Auxigny ? De l’étude, même sommaire de sa vie, c’est un sentiment d’estime pour sa personne qui se dégage, sinon de sympathie. Nous connaissons dans le détail sa lutte courageuse autant que disproportionnée avec Pierre Bureau, le favori de Charles VII, dans sa compétition au siège d’Orléans[2]. Nous savons son succès final dû à une persévérance inlassable puisée dans son bon droit et le sentiment de son devoir, en même temps que sa modestie, une fois le but atteint, et sa correction parfaite de prêtre envers le pape comme de sujet envers le roi dans ces longues négociations particulièrement difficiles ; nous n’ignorons pas, enfin, les qualités maîtresses qu’il déploya ensuite, comme administrateur de

  1. Poés. div., XI.
  2. Cf. l’étude très documentée de Mlle  de Foulque de Villaret, Élection de Thibault d’Auxigny, dans les Mémoires de l’Orléanais, t. XIV, p. 65 et suiv.