Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923.djvu/78

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tion, il fallait qu’il fût bien sûr de la solvabilité de Villon qui, à ce même moment, ne disposait sans doute pas du premier denier de cette somme : mais il avait des répondants, des amis, probablement, encore et toujours, son dévoué protecteur maître Guillaume[1] ; c’en était assez pour Poutrel qui n’entendait pas être dupe. Villon, élargi, n’allait pas jouir longtemps de sa liberté ; car, le mois de novembre suivant, au sortir d’une rixe où il avait été, semble-t-il, plus ou moins volontairement mêlé, il était arrêté et bientôt jugé et condamné à être « pendu et estranglé ». L’aventure nous est connue grâce aux lettres de rémission qu’obtint l’un des acteurs de cette échauffourée, et dans laquelle le rôle de Villon reste assez effacé[2]. Un certain Robin Dogis étant dans sa maison à l’enseigne du Chariot, dans la rue des Parcheminiers, reçut, un soir de novembre, la visite de François Villon qui venait lui demander à souper. Dogis y consentit volontiers et lui annonça la présence de deux nouveaux convives, Roger Pichart et Hutin du Moustier, ce dernier qu’on retrouve plus tard sergent à verge au Châtelet. Après le repas, ils partirent tous ensemble pour aller à la chambre dé Villon, au cloître Saint-Benoît, en passant — pour s’y rendre — par la rue Saint-Jacques, lorsque Pichart s’arrêtant devant l’« escriptoire » de maître François Ferrebouc[3], notaire

  1. Ce sont sans doute ces marques de dévouement infatigable qui ont fait supposer à certains critiques que Guillaume de Villon aurait été non seulement le père adoptif de notre poète, mais « probablement son père naturel ». Rémy de Gourmont, Le Canada (20 novembre 1913) : Deux poètes, Verlaine et Villon. Faguet avait dit antérieurement la même chose, Hist. de la littérature française (1900), t. I, p. 191.
  2. Ces lettres ont été publiées par Longnon dans son édition des Œuvres complètes de François Villon (1892), p. lxxi-lxxiii (novembre 1463).
  3. Maître François Ferrebouc était venu s’établir, dès 1452 (Arch. nat. KK 407, fol. 115), rue Saint-Jacques, en face du couvent des