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COMMENTAIRE ET NOTES I05

jours veult user de équité en préférant miséricorde a rigueur de justice, désirant aussi l'amendement et convertissement de ung chascun pécheur et non pas la mort. Luy remet de grâce especialle la mort et luy saulve la vie, et le condamne... » Chronique Martinianc (édit. Vérard), fol. 297a. (Martiniane sur les deux titres, Martinienne partout ailleurs.) De même, dans le discours de Charles d'Orléans en faveur du duc d'Alen- çon : « Je ne vueil point que le pécheur meure. Mais par justice je vueil qu'il soit corrigé. C'est qu'il se convertisse et vive. » Fr. 1104, fol. 50. De même Christine de Pisan avait dit : : « Et doit chacun avoir pitié du pécheur. Car Dieu ne veult pas sa mort, mais qu'il se convertisse et vive. » Fr. 452, fol. 53.

V. 108. — Et tout autre que pechié mort.

= « Et tout autre que mord le péché. » — « Ne vueilles consentir que nul pechié me morde », Prière à la Vierge, fr. 17068, fol. 198 \°.

Mort qui par mors veulz toute vie mordre.

Deschamps, t. V, p. 18, ballade 223, refrain. — Ces vers de Villon où le même mot reparaît sous des significations différentes étaient fort appréciés alors. Déjà Rustebeuf avait écrit dans Li Di^ de la voie île Tunes :

Vos vos moquez de Dieu, tant que vient a la mort :

Si li criez merci lors que li mors vous mort.

Et une consciance vous reprent et remort ;

Si n'en sovient nului tant que la morz le mort !

(Œuvres, édit. Kressner, p. 44, v. 1 17-120); vers imités par Jean tie Meun dans son Testament :

Pensons que quant li homs est ou travail de mort. Ses biens ne ses richesses n'i valent un chat mort, Ne ne li pucentosterl'anguisse qui le mort. Ne ce dont conscience le reprent et remort !

(T. IV, p. 16, V. 312-315.)

Le troisième vers de Rustebeuf comme le quatrième de Jean de Meun rappelle le Aut quod conscius ipse animus se forte remordet de Lucrèce. Derer. natura, liv. IV, v. 1128.

V. 109. — Combien qu'en pecbie soye mort

est une expression métaphorique et elliptique tout ensemble correspon- dant à « Quoique je sois mort par l'effet du péché... » Peut-être,

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