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148 FRANÇOIS VILLON

aux fourches patibulaires afin de servir d'exemple, avaient rendu familière la vue de l'agonie et de la mort. Villon, avec une sûreté de vision à qui rien n'échappe, en a noté toutes les phases qu'il décrit avec un réalisme impitoyable. (Cf. î'Epitaphe Villon, « Frères humains... » Poés. div. XIV.) En lisant le vers :

La mort le fait blesvtir, pallir,

on a le développement naturel des états successifs par lesquels passe le cadavre à partir du moment où la vie s'est retirée. Le mot blême d'origine germanique (Scandinave hldvii') a le sens de bleuâtre puis de livide. Le mot livide exprime la couleur plombée entre le noir et le bleu. — Pâlir signifie être d'un blanc mat . De « blêmir » à « pâlir » on voit la gradation : frémir n'a aucune signification en l'espèce. Dans la description circonstanciée de la mort d'Henri II d'Angleterre (6 juil- let 1189), épisode de ï Histoire de Guillaume le Maréchal, l'auteur ano- nyme qui écrivait sur des renseignements à lui fournis par des amis et des parents de Guillaume, a certainement reporté à l'agonie du roi les phénomènes physiologiques observés après sa mort. On verra que les eflfets décrits sont les mêmes que ceux relevés par Villon et qu'ils sont classés dans le même ordre, et chez l'auteur anonyme et chez Villon :

Li cors li frit, li sans li trouble. Si n'il ont la color si troble Qu'el fut neire e persie e pale.

(Édit. Paul Meyer, t. I, p. 328, v. 9085-9087.) Le dernier vers signifie que le roi Henri devint noir, puis bleu, puis pâle. Même pein- ture pour le fils aîné d'Henri II sur son lit de mort (•]- 1 183).

Et sa fresche color novale... Devint neire e persie et pale.

(T. I, p. 249, V. 6913; 6915).

Dans la chanson du ms. fr. 46 de la Bibl. royale de Stockholm, chanson reproduite par Paul Meyer (Romania, t. VII (1878), p, 99), on lit ces deux vers :

Paour de mort me fait le cuer frémir, Non pas pour tant que je dont a mourir.

(v. 46-47-) « Et quant il oy parler de dame par amours . . .les yeulx lui 1er-

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