Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

244 FRANÇOIS VILLON

LXXIV. — Villon, après avoir invoqué Dieu et la Vierge, commence à tester.

V. 827 et suiv. — Villon invoque le nom de Dieu « Et de sa glorieuse mère » pour que, sans pécher, il puisse mener à bonne fin ce testa- ment : si, en le rédigeant, il ne s'est laissé aller à aucun mouvement de ressentiment ou de colère, il le doit à la divine clémence ; mais il est « d'autre deuil et perte araere » au sujet desquels il se tait, et que nous ignorons par suite.

V. 829. — Se je nay enfièvre effimere.

C'est ainsi qu'on doit lire ce vers qui est donné de façon différente par chacun des manuscrits : iievre en fumere A ; enjumiere C ; et fumiere F ; Jeu ne lumière I. — La rime, en outre, est particulièrement riche, chimère : ejfimere ; elle part de la voyelle qui précède la consonne d'appui . Les copistes ont dû être désorientés devant ce mot d'origine savante et qu'ils ne connaissaient pas. 'EtpYJuspoç, prononcé en grec efimeros, ephimeros, a donné en vieux français efimere, effimere, en latin médiéval ephimerus. « Et le cors n'est pas plectorique, et la fièvre appe- lée est effimere. » Fr. 2050, fol. 68» ; La Chirurgie de maître Henri de Mondcville. Cf. l'édit. critique donnée par A. Bos(Soc. des anc. Textes fr.), t. II, p. 16, no 13 18. Avicenne, médecin arabe du xie siècle, s'étend longuement sur la febris ephimera (douze chapitres), et, parmi les causes qu'il lui attribue, il mentionne celle qui provient de la colère : defebre ephimera ex ira (cap. xv). (Cf. Liber canonis Avicenne (Venise, 1505, in-4o), lib. III, fen xx ; tract, i ; cap. 7-19, fol. 312b et suivants). C'est à cette dernière que fait allusion Villon, lorsqu'il dit qu'il doit à la divine clémence de n'avoir pas eu de fièvre éphémère, des mouvements de colère (ce n'est pas toujours exact) dans la rédaction de son Testament. — Dans le livre de médecine intitulé La Tour de la grant Richesce qui date du début du xv^ siècle, et qui a appartenu à Charles, duc d'Or- léans, dont il porte à la fin du texte la signature autographe, l'ouvrage débute par la table des matières ; et le premier chapitre est : « De la fièvre effimere et de ses espèces » (fol. i ro). Au fol. i vo, ce titre est répété et, vis-à-vis, on lit la Cu7-e commune qui conmience ainsi : «Toute effimere doit estre curée en ostant la cause qui le fait... » (fol. 2 ro). Au dernier feuillet on relève la mention suivante de la main du duc Charles : Lie liber constat Karolo duci Aurelianensi : Karolus ; et, à droite, « de caméra computorum Blesis ». Villon a pu voir ce ms. dans la librairie du noble duc.

�� �