Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/269

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COMMENTAIRE ET NOTES 257

V. 905. — Le Tout Puissant, prenant nostre faiblesse...

Les commentateurs ont discrètement glissé sur le sens à donner à ce vers. Prendre nostre faiblesse, est synonyme de « s'incarner » dans son acception théologique, = devenir chair, se faire homme ». — « C'est certain que le benoist filz de Dieu prinst char humaine et mortelle, non pas pour luy, mais pour nous rachepter et pour payer nostre debte a justice. « Gerson, Sermon de la Passion, fr. 448, fol. ni': (nis. daté de 1485). — Précédemment, Gerson avait écrit : « Mais il se souffrit lier de sa propre volunté pour nous oster et délivrer des dures liens de péché ou nous estions, nous tous de l'umain lignage, en prison, en servage de l'ennemi. » Ibid., fol. 95^'. — Il est curieux de mettre à côté de ce texte de Gerson le préambule d'une lettre de Charles VII, et relative à Vaffranchissemcnt de homme serf (lettre faisant partie d'un for- mulaire du temps de Louis XI). « Charles, etc.. Comme nostre Seigneur Jhesucrist, nostre rédempteur et rachapteur et conduteur de créatures, ait voulu prandre char humaine, et par la grâce de sa divinité rompre les liens de la chetiveté de servitude ou nous estions, et nous restituer a nostre première nature, a faiz francs qui depuis sont faiz serfs et cheuz en servitude, soient maintenant en leur première fran- chise, etc.. Savoir faisons... » Fr. 5909, fol. 100. — A rapprocher du vers de Villon cette pensée de Tertullien : « Qui credimus Deum etiam in terris egisse, et humani habitus humilitatem suscepisse ex caussa humanae salutis... r Lib. H. adversus Marcionem, dans Migne, Patrol. lut., Tertulliani Opéra, t. II, col. 305* ; pensée que Chartier a quelque peu délayée dans la phrase suivante : « Il a voulu prendre humanité pour participer par compassion et secourir par grâce a ton enfermeté. » Fr. 1123, fol. 194. — Dans son sermon de la Nativité, Jean Courtecuissc avait dit : « Il convient donc qu'il venist en ce monde, et cy descendi en ce monde, et prist nostre semblance, vesqui, demoura, conversa entre nous... » (29 mai 141 3) ; lat. 5546, fol. 20 v^. Cf. également Greban qui emploie le mot faiblesse, mais dans un sens légèrement différent, en s'adressant à Jhésus,

Enfant de haulte noblesse

Tu es ordonné

Pour sourdre nostre foiblesse...

(Passion, V. 5576-77); et plus loin :

Mon corps croit et sent Que tu es vraye deité, François Villon. — IL 17

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