Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

286 FRANÇOIS VILLON

bien que nos nobles « gens a porter espreviers », privilège des senls gentilhommes. Toutefois, comme encore un peu novices dans leur nouvelle profession de chasseurs au vol, Villon les envoie s'approvision- ner de gibier chez la fameuse rôtisseuse d'alors, la Machecoue, veuve d'Arnoulet Machecou, poulailler au Lyon d'or ; et cela, pour leur éviter sans doute le ridicule de rentrer bredouille à la maison. Villon ignorait très certainement qu'au moment où il tournait ces vers moqueurs, un des premiers actes de Louis XI, après son sacre, avait été de créer Nicolas de Louviers, conseiller en sa Chambre des Comptes et d'autres avec lui. Cf. Chroniqtie scandaleuse (édit. Mandrot), t. I, p. 17. — Dans les pièces de V Appendice à son livre sur Villon, M. Pierre Champion dit que Nicolas de Louviers, en récompense de ses services, obtint du roi la noblesse, en 1464, et qu'il devint noble homme et sire (t. II, p. 319). Il convient de rappeler que Nicolas de Louviers, dès 1455, est désigné « honorable homme sire Nicolas de Louviers » (fr. 28248, pièces 3 his, 6). Cette qualification de « sire » n'impliquait pas d'ailleurs la noblesse (cf. Du Cange s. v. siriaticus, et encore moins celle de noble-homme, qui « loin d'annoncer une noblesse véritable dans celui qui la prenait, dénotait au contraire qu'il était roturier. » (Cf. Saint-Allais, Dict. ency- clopédique de la noblesse, t. II (1816), p. 186.) De même, dans la dernière phrase du Prologue de ses Chroniques, Froissart écrit : « Je me voel nom- mer : on m'appelle, qui tant me volt honnorer, sire Jehan Froissart... », c'est-à-dire « ceux qui veulent me montrer de la déférence m'appellent « sire »... Ce titre de sire s'appliquait également, et par politesse, aux curés de paroisse, comme il paraît dans V Exhortacion pour le jour de Pasques, fr. 25548, fol. 244 ; et même à des religieux. Le poète anglais John Skelton rappelant sa querelle avec Robert Gaguin, général des Trinitaires, envoyé en mission à Londres par son gouvernement (1490), le qualifie de sir dans ces deux vers si vivants :

...a frère of Fraunce men call sir Gagwyne, That frownyd on me fuU angerly and pale.

The poetical Works of John Skelton (édit . Rev . Alexandre Dyce), Londres, 1853, in-8, t. I, p. 376 (v. 374-375). Dans Le Songe du Ver- gier, on voit le Chevalier appeler indifféremment le Clerc « sire clerc » , et « révérend clerc ». Fr. n. ac. 1048, fol. 9 ; 34 vo ; 249 vo ; et passini .

V. 1048-49. — Vache ne leur donne ne beuf,

Car vachiers ne sont ne bouviers.

�� �