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COMMENTAIRE ET NOTES 307

CIV. — Apres le Châtelet, le Trésor. \'illon s'occupe pré- sentement d'un clerc du Trésor, homme riche et avare, Robinet Trascaille qui lui avait sans doute refusé son aide pécuniaire et dénié toute assistance. Aussi \'illon lui fait-il don, à ce bour- geois cossu, d'une jatte pour monter son ménage.

V . 1 143 . — Qui en service s'est bienfait...

Je pense que ce vers signifie : « Qui s'est enrichi dans son office », « qui grandement avait profité en son service » ; ce qui n'est pas sans évoquer ce passage de Froissart : « Cil contes (le comte de Ventadour et de Montpensier) avoit un escuier a varlet, qui s'apelloit Ponces dou Bois, li quels l'avoit servi moult longuement, et trop petit avoit proufité en son service... » Chroniques (édit. Kervyn de Lettenhove), t. IX, p. 140. — Le contexte semble incliner à cette interprétation. Dans l'ordonnance de Charles V (février 1367) relative au Guet de la ville de Paris, il est dit que les sergents seront au nombre de soixante (vingt à cheval, quarante à pied) et « y seront mis et ordonnez gens de bonne vie et bien ordonnez, non ayant d'autres services... » Fr. 21577, fol- 122 (Ordonnances, t. V, p. 97). — (== n'ayant pas d'autre emploi, d'autre office ailleurs, comme c'était généralement le cas.)

V. 1 145 . — Mais sur roncin gros et reffait.

Le roncin était un cheval de charge et d'allure paisible. Il était cepen- dant employé quelquefois à la guerre ; témoin Joinville, à la bataille de Mansourah (8 février 1250), et Commynes à celle de Montlhérv (16 juillet 1465). Cf. Du Cange s. v. runcinus. — L'emploi dans la même phrase des mots service et roncin n'est peut-être pas fortuit ; peut-être Villon aura-t-il trouvé plaisant de les faire figurer ensemble. Cf. Du Cange s. v. servitium de ronciiio. — Robinet Trascaille s'est enrichi dans son office ; aussi ne va-t-il pas à pied mais à cheval sur un robuste roncin bien en forme. D'autre part, Villon donne à Trascaille une jatte pour monter son ménage ; critique évidente de la pingrerie du légataire. Villon, dans la première partie du huitain établit la situation fortunée de ce Robinet Trascaille ; dans la seconde, son avarice sor- dide. La satire se dégage de ce rapprochement imagé.

CV . — A Perrot Girart, barbier juré de Bourg-la-Reine, Vil- lon, qui avait été nourri de cochons gras pendant une semaine dans la maison de ce dernier, et sans doute à ses dépens, en

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