Page:Œuvres de François Villon Thuasne 1923 t2.djvu/43

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COMMENTAIRE ET NOTES 3I

(v. 1346; 1941); et toujours dans des ternies désobligeants et même nettement hostiles. Quant à cet idiot de bâtard de Mouton, en procès avec Brunel, Villon les englobe tous deux dans la même aver- sion, pour des causes que nous ignorons. Aussi laisse-t-il audit Mouton « trois coups d'ung escourgon », et le confort de coucher en prison « paix et aise, es ceps ». — On se rappelle que Mouton était le nom sous lequel Villon s'était présenté chez le barbier Fouquet pour se faire pan- ser, après sa rencontre tragique avec le prêtre Sermoise. Cf. les lettres de rémission de janvier 1456, données précédemment,!. I, p. 28, note. Qui le tient en procès, locution de style. Cf. lat. 12811, fol. xxviii (ms. de xve s.).

V. 144. — Et couchier, paix et aise, es ceps.

Paix et aise, — locution courante. « Car aucunes fois quant on fait la laissive a l'ostel, et la maistresse qui en sera bien enbesongnee cuidera que sa chambrière soit a la ripviere pour laver la laissive : elle est aux estuffes et paix et aise, et a ses femmes qui lui font sa besongne. » Christine de Pisan, Cest le Livre des trois Vertus, fr. 1180, fol. 103 r" et V (L'instruction des princesses, des dames de Court et d'autres femmes.)

Un po de temps tient paix et aise .

Fr. 578, fol. 28».

es ceps. « Le cep est un instrument fait de deux pièces de bois entaillées sur le bord, en mesme endroict ; lesquelles joinctes détiennent les pieds ou les mains, ou les quatre ensemble du malfaiteur qui y est mis. » Nicot, Trésor de la langue française (Paris, 1606, in-fol.), p. 106. « Et le mist (Cyrus) hors de prison ou il estoit en ceps.» Fr. 127, fol. 109 v°. Une miniature, placée en face de ce passage, représente le prisonnier dont la tête, les mains et les pieds sont engagés dans cet instrument de torture. V. Gay l'a reproduite dans son Glossaire archéologique, p. 298. Ce supplice rappelle la cangue naguère employée en Chine. Une repré- sentation en est donnée dans le Musée des familles (Paris, 1833), p. 48. Le supplice de la cangue semblerait avoir été en usage, de nos jours, dans l'armée allemande. Cf. la photographie d'une cangue trouvée dans un village français évacué par les Allemands, dans le Miroir, n° du 10 mars 1918, p. i. — Cf. également Du Cange, s. v. cippus . Le vers de Villon : Et couchier paix et aise es ceps, montrerait qu'il s'agit d'un cep pour les pieds seulement, permettant au prisonnier d'avoir le corps étendu, couché de son long. On trouvera la représentation d'un très

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