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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/105

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D’abord, en comptant les bouteilles,
Frères, dit-il, en vérité,
De mes jours si pleins de merveilles
Ce jour sera le mieux fêté :
Mes prêtres futurs, en mémoire
D’un tour de gobelet divin,
Vendant des oremus pour boire,
Changeront l’eau bénite en vin.

Et chaque apôtre se signait,
Et Judas surtout s’indignait :
Hélas ! disait-il, mes amis,
Le Bon Dieu nous a compromis.

Aux époux, héros de la fête,
Il dit d’un ton d’épicurien :
Buvez, trinquez, foi de prophète,
L’Amour, ce soir, n’y perdra rien ;
Mon présent de noce est un reste
De ce vin comme on n’en fait plus,
Qui, pour décupler un inceste,
Rajeunit un de mes élus…

Et chaque apôtre se signait,
Et Judas surtout s’indignait :