De vin et de biscuit, pour nourrir son caquet,
Qu’on agace au perchoir l’horrible perroquet,
Qu’on secoue un album teint de sang rime à rime,
De l’argot en patois qu’on traduise le crime :
Bien ! il faut que Paris ait du roman nouveau,
Que Lacenaire mort renaisse in-octavo,
Que la presse en travail donne un frère à Justine,
Et qu’on batte monnaie avec la guillotine !…
Mais sans être argousin, bourreau ni romancier,
Aux veilles du cachot on vint s’associer.
Les mains de ce lépreux dégoûtant d’infamies
Tombaient à son réveil entre des mains amies,
Et les journaux du temps, souillés de ses envois,
À nous dire sa gloire enrouaient leurs cent voix.
Pour enivrer cet homme et son pâle complice,
Si l’on eût annoncé, la veille du supplice,
À Paris, où l’hiver fait grêler tant de maux,
Un raout au profit des assassins jumeaux,
La charité dansante, avare de centimes,
Eût secoué de l’or à ce bal de victimes…
Que dis-je ? la comtesse, au sortir de son bain,
Caresait dans son cœur le hideux chérubin,
Et sous un pli coquet, à travers les gendarmes,
Lui glissait cachetée une aumône de larmes.
O femmes de Paris ! sur son grabat désert,
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