Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/249

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» Le deuil sur la maison est-il tombé soudain ?
» Derrière moi sans bruit la vieille Alix a-t-elle
» Dans un linceul furtif cousu ma sœur mortelle ?
» Et, pour tromper mon cœur, cet ange au front si beau
» Daigna-t-il emprunter un nom sur un tombeau ? »

Des bienfaits prodigués par votre amour céleste,
Dût cet amour s’éteindre, un souvenir me reste,
Et ce long souvenir est encore un bienfait ;
Oui, ce que vous faisiez, votre image le fait :
Par le méchant qui règne et le sot qui prospère,
Coudoyé, si je pleure et si je désespère,
Elle est là : son souris me défend de pleurer ;
Son œil, ardent de foi, m’ordonne d’espérer.
Oh ! le siècle entendra les chants que je lui livre ;
Il n’aura pas ouvert ma tombe avant mon livre ;
Ce livre, proclamant votre sainte amitié,
D’un avenir conquis vous promet la moitié ;
Et quand, sur nos tombeaux, relu par des voix tendres,
Voix de sœurs ou d’amants, il remûra nos cendres ;
Nos spectres enlacés voltigeront près d’eux ;
Nous ne ferons, ma sœur, qu’une gloire à nous deux ! »

La gloire !… en répétant ce mot vide et sonore,
Il sourit de pitié ; puis, d’espérance encore ;