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Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/305

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folle du logis, qui en est la maîtresse à quinze ans, prit ses ébats dans toutes ces têtes enfantines.

Qu’était-ce donc que cette merveille qu’il était défendu de toucher quand on froissait à loisir tant de merveilles ?

Une robe couleur du temps, de la lune ou du soleil, comme dans Peau d’Ane ? Cet œuf d’oiseau qui, suivant les contes arabes, est un diamant et peut rendre invisible ? Un éventail fait avec les ailes d’un génie de l’Alhambra ? Le voile d’une fée, ou bien quelque ouvrage plus précieux encore commandé par l’empereur à l’un de ses démons familiers, le petit homme rouge ou le petit homme vert ? Qu’était-ce donc ?

Enfin, prenant pitié de la curiosité impatiente qu’elle venait d’irriter elle-même avec une innocente malice, Joséphine fouilla dans un coin de sa garde-robe impériale et en tira………..

Ce n’était cette fois, ma sœur, ni un cadeau de Napoléon, ni l’œuvre d’un génie : c’était l’œuvre et le présent du marin breton, Pierre Hello, c’étaient les souliers de Marie-Rose.

Car, vous l’avez deviné déjà, l’impératrice Joséphine et la danseuse aux pieds nus ne sont qu’une même personne et qu’un même cœur. Quand l’épée de Bonaparte commençait à découper l’Europe comme un gâteau, Joséphine-Marie-Rose Tascher de la Pagerie, heureuse cette fois, eut la fève et régna. Elle régna longtemps ; mais voilà qu’un jour il se fit tout à coup une grande tempête en Europe ; les neiges de la Russie se soulevèrent d’elles-mêmes pour retomber en blanc linceul sur nos soldats ; les quatre vents nous soufflèrent des avalanches d’ennemis, et il y eut alors en France, aux éclairs du sabre et du canon, et sous les lourds piétinements de la