Page:Œuvres de Hégésippe Moreau (Garnier, 1864).djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et, comme leurs écrits, aux pieds du saint office
Les voyait quelquefois brûler en sacrifice.
Zélateurs du passé, qui vers cet âge d’or
Prétendez aujourd’hui nous repousser encor,
N’avez vous donc jamais déroulé ses annales ?
Elles offrent à peine, à de longs intervalles,
Au lecteur, fatigué de tableaux odieux,
Quelques pages de gloire où reposer ses yeux.
Comme le diamant perdu dans la poussière,
Qui n’attend pour briller qu’un rayon de lumière,
Que de talents alors méconnus, avilis,
Dans un cercueil obscur tombaient ensevelis !
Un Voltaire, un Rousseau, sous le chaume champêtre,
Ignorés de leur siècle, et d’eux-mêmes peut-être,
Expiraient tout entiers : l’étude au feu divin,
Qui, captif dans leur âme, y bouillonnait en vain,
Pour éclairer le monde eût ouvert un passage,
L’étude… Mais, hélas ! de ce trésor du sage
Les peuples malheureux ne sachant pas jouir
À l’ombre des autels le laissaient enfouir.
Ces transfuges légers de Grèce et d’Ausonie,
Ces livres, où les dieux du goût et du génie
Traçaient pour l’avenir leurs oracles sacrés,
Voltigeaient au hasard, dispersés, déchirés,
Semblables dans leur suite aux réponses qu’envoie