Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/139

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Quand donc pourrai-je enfin, émue et palpitante,
Après tant de travaux et tant d’essais ingrats,
À ce fils de mes vœux et de ma longue attente
Ouvrir éperdument les bras ?

De toute éternité, certitude sublime !
Il est conçu ; mes flancs l’ont senti s’agiter.
L’amour qui couve en moi, l’amour que je comprime
N’attend que Lui pour éclater.

Qu’Il apparaisse au jour, et, nourrice en délire,
Je laisse dans mon sein ses regards pénétrer.
— Mais un voile te cache. — Eh bien ! je le déchire :
Me découvrir c’est me livrer.

Surprise dans ses jeux, la Force est asservie.
Il met les Lois au joug. À sa voix, à son gré,
Découvertes enfin, les sources de la Vie
Vont épancher leur flot sacré.

Dans son élan superbe Il t’échappe, ô Matière !
Fatalité, sa main rompt tes anneaux d’airain !
Et je verrai planer dans sa propre lumière
Un être libre et souverain.