Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/191

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Plutôt que d’embrasser une idole d’argile,
Au fantôme divin il a tendu les bras.
S’il crut parfois sentir, le grand visionnaire,
Battre le cœur d’un Dieu sur son cœur de chrétien,
C’est que pour l’animer, ce cœur imaginaire,
Il lui prêtait l’amour qui débordait du sien.
Toi, son premier flambeau, Science, il te renie ;
Le miracle est sa loi. Vers un monde inconnu
Des ailes le portaient, d’envergure infinie ;
Dans l’illusion pure elles l’ont soutenu.
Des mains de l’Idéal, et préparé pour elle,
Cette dominatrice absolue et cruelle,
La Foi t’a pris, Pascal, et ne t’a plus rendu.
Que ta raison résiste, aussitôt tu l’accables.
En un jour solennel coupant ses derniers câbles,
Tu lanças vers le ciel ton esquif éperdu.
Seul but de ton essor, vertigineux, rapide,
L’abîme était en haut, mais profond, mais perfide,
Qui t’attirait à lui comme un divin aimant.
Aussi, sans t’arrêter tu montais en plein vide ;
Pour ton âme emportée et toujours plus avide
L’ascension s’achève en engloutissement.