Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/24

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mieux accueillis à la Revue moderne, avaient passé inaperçus, ainsi que les Malheureux, cités tout entiers par Deschanel dans un article des Débats. Le poète qu’on n’écoute pas finit par se taire. Je me taisais donc, ou à peu près. Entre une pièce et l’autre il y avait souvent des années de silence. C’est seulement lorsque j’étais trop fortement saisie par une idée que je me décidais à l’exprimer ; je n’avais que ce moyen de m’en délivrer.

D’après ce court exposé de mon développement poétique, on reconnaîtra facilement les sources diverses où j’ai puisé mes rares inspirations. Chemin faisant, j’ai aussi répondu à ces deux questions qu’on m’adresse souvent aujourd’hui : « Pourquoi si tard ? Pourquoi si peu ? » Ma vie peut elle-même se résumer tout entière en quelques mots : une enfance engourdie et triste, une jeunesse qui n’en fut pas une, deux courtes années d’union heureuse, vingt-quatre ans de solitude volontaire. Cela n’est pas précisément gai, mais on n’y découvre cependant rien qui justifie mes plaintes et mes imprécations. Les grandes luttes, les déceptions amères, m’ont été épargnées. En somme, mon existence a été douce, facile, indépendante. Le sort m’a accordé ce que je lui demandais avant tout : du loisir et de la liberté. Quant aux résultats récents de la science, ils ne