Page:Œuvres de Louise Ackermann.djvu/26

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je crus même faire œuvre de poète en lui prêtant des accents en accord avec les horreurs de sa destinée.

Nice, ce 20 janvier 1874.




Plusieurs critiques ont naturellement attribué mon pessimisme à l’influence qu’aurait exercée sur moi la philosophie allemande. Mes vues sur la destinée humaine remontent, hélas ! bien plus haut et me sont tout à fait personnelles. En voici la preuve : une de mes sœurs vient de découvrir, dans de vieux papiers de famille, un petit cahier où elle recueillait fraternellement, à mesure qu’ils m’échappaient, mes vers de pensionnaire. Parmi les divers morceaux dédiés à mes compagnes, il s’en trouve un sans dédicace et intitulé l’Homme. Il est daté de 1830 et commence ainsi :

Misérable grain de poussière
Que le néant a rejeté,
Ta vie est un jour sur la terre ;
Tu n’es rien dans l’immensité.
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