Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/143

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Mais ceux qu’en ce palais a ſauvés votre fils
Ne ſont point nés, ſeigneur, parmi vos ennemis.

A T R É E.

Mais, madame, parmi cette troupe étrangère,
Pliſthène ſur ces bords rencontra votre père :
Dédaigne-t-il un roi qui devient ſon appui ?
D’où vient que devant moi vous paraiſſez ſans lui ?

T H É O D A M I E.

Mon père infortuné, ſans amis, ſans patrie,
Traîne à regret, ſeigneur, une importune vie,
Et n’eſt point en état de paraître à vos yeux.

A T R É E.

Gardes, faites venir l’étranger en ces lieux.

Quelques gardes ſortent.
T H É O D A M I E.

On doit des malheureux reſpecter la miſère.

A T R É E.

Je veux de ſes malheurs conſoler votre père ;
Je ne veux rien de plus. Mais quel eſt votre effroi ?
Votre père, madame, eſt-il connu de moi ?
A-t-il quelques raiſons de redouter ma vue ?
Quelle eſt donc la frayeur dont je vous vois émue ?

T H É O D A M I E.

Seigneur, d’aucun effroi mon cœur n’eſt agité :