Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/172

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Dieux ! Qu’allais-je tenter ? Mais quel eſt votre effroi ?
Qui fait couler vos pleurs ? Et qu’eſt-ce que je vois ?

T H É O D A M I E.

Seigneur, vous me voyez les yeux baignés de larmes,
Et le cœur agité des plus vives alarmes.
Thyeſte va bientôt enſanglanter ces lieux,
Si vous ne retenez ce prince furieux.
Trop sûr que votre mort, que la ſienne eſt jurée,
Il veut la prévenir par la perte d’Atrée.
Il erre en ce palais dans ce cruel deſſein,
Tout prêt à lui plonger un poignard dans le ſein.
Il eſt perdu, ſeigneur, ce prince qui vous aime,
Si vous ne le ſauvez d’Atrée, ou de lui-même.
Il voit de tous côtés qu’on obſerve ſes pas ;
Le péril cependant ne l’épouvante pas.
Si la pitié pour nous peut émouvoir votre âme,
Si moi-même en ſecret j’approuvai votre flamme,
S’il eſt vrai que l’amour ait pu vous attendrir,
Au nom de cet amour daignez le ſecourir.
Je vous dirais qu’un cœur plein de reconnaiſſance
D’un ſervice ſi grand ſera la récompenſe,
S’il avait attendu que tant de ſoins pour nous
Vinſſent juſtifier ce qu’il ſentait pour vous.