Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/180

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D’être du moins ſorti d’un même ſang que vous.
Je ne ſuis conſolé de perdre en vous un père
Que lorſque je deviens le fils de votre frère.
Mais ce fils, près de vous, privé d’un ſi haut rang,
L’eſt toujours par le cœur, s’il ne l’eſt par le ſang.

A T R É E.

C’eût été pour Atrée une perte funeſte,
S’il eût fallu te rendre à d’autres qu’à Thyeſte.
Le deſtin ne pouvait, qu’en te donnant à lui,
Me conſoler d’un bien qu’il m’enlève aujourd’hui.
Euryſthène, ſensible aux larmes de ta mère,
Eſt celui qui me fit, de ſon bourreau, ton père.
Inſtruit de mes fureurs, c’eſt lui dont la pitié
Vient de vous ſauver tous de mon inimitié.

À Thyeſte.

Thyeſte, après ce fils que je viens de te rendre,
Tu vois ſi déſormais je cherche à te ſurprendre.
Reçois-le de ma main pour garant d’une paix
Que mes ſoupçons jaloux ne troubleront jamais :
Enfin, pour t’en donner une entière aſſurance,
C’eſt par un fils ſi cher que ton frère commence.
En faveur de ce fils, qui fut longtemps le mien,
De mon ſceptre aujourd’hui je détache le tien.
Rentre dans tes états ſous de ſi doux auſpices,
Qui de notre union ne ſont que les prémices.