Page:Œuvres de M. de Crébillon, tome premier, 1750.djvu/192

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Tel qui pouvait encor ſe défier d’Atrée
En croira mieux peut-être à la coupe ſacrée.
Thyeſte veut-il bien qu’elle achève en ce jour
De réunir deux cœurs déſunis par l’amour ?
Pour engager un frère à plus de confiance,
Pour le convaincre enfin, donnez, que je commence.
Il prend la coupe de la main d’Euryſthène.

T H Y E S T E.

Je vous l’ai déjà dit, vous m’outragez, ſeigneur,
Si vous vous offenſez d’une vaine frayeur.
Que voudrait déſormais me ravir votre haine,
Après m’avoir rendu mes états & Pliſthène ?
Du plus affreux courroux quel que fût le projet,
Mes jours infortunés valent-ils ce bienfait ?
Euryſthène, donnez ; laiſſez-moi l’avantage
De jurer le premier ſur ce précieux gage.
Mon cœur, à ſon aſpect, de ſon trouble eſt remis ;
Donnez. Mais cependant je ne vois point mon fils.
Il prend la coupe des mains d’Atrée.

A T R É E à ſes gardes, à Thyeſte.

Il n’eſt point de retour ? Raſſurez-vous, mon frère ;
Vous reverrez bientôt une tête ſi chère :
C’eſt de notre union le nœud le plus ſacré ;
Craignez moins que jamais d’en être ſéparé.